Jour 15 : Vendredi 22 avril - Hornillos del Camino / Castrojeriz

21 kms - Beau temps

Nuit glaciale ! Sous mon duvet et malgré plusieurs couches j'expirais de la buée. Et aller aux toilettes, sales, en pleine nuit est un exploit. Un peu d'eau, un peu d'électricité, un peu de gaz, un peu de propreté...cela suffit pour des pèlerins. A 150 euros la nuit pour la totalité des pèlerins, cela est rentable pour le propriétaire du gite.

Lit Frigo

Repas Frugal

 

Bref, inutile d'y faire de vieux os, il fait beau et la Meseta commence à se réchauffer sous le soleil. Toujours ce problème de couchage.L'été il doit y avoir des difficultés pour trouver un lit ! L'étape sera donc courte aujourd'hui.

La Meseta

Hontanas

 

Dans cette étendue j'avance à presque 5 kmh, 100 pas à la minute, soit 80 m. Mon genou droit me fait de plus en plus mal, mais ne me fait pas ralentir. Autant arriver vite pour avoir du temps pour le reposer. Je n'arrive pas à déterminer la cause de cette douleur qui est fixée sur la face avant de la rotule. Comme il n'y a pas d'articulation ici, et que ce ne sont que des insertions musculaires, j'en déduis que ce sont mes tendons. J'ai mal dans les descentes, pas dans les montées. J'ai pris un anti-inflammatoire.

Passé Hontanas, ravissant petit village logé au fond d'un vallon, pique-nique près du Couvent de St Antoine, avant la longue ligne droite où m'attend Castrojeriz et une chambre chez des Hollandais.

 

" Feu sacré", "  mal des ardents", " peste de feu"... autant d'expressions qui peuvent évoquer la souffrance des malades. L'ordre des Antonins avaient le don de guérir ou tout au moins de calmer cette maladie.

Le feu St Antoine est comme un feu intérieur qui brûle les malades, particulièrement aux bras et aux jambes, alors qu'au toucher, ces membres sont glacés ! La maladie évolue rapidement vers une gangrène purulente, mais le plus souvent sèche . Les membres atteints deviennent noirs comme du charbon et se détachent du corps, comme le bois mort de son arbre. Quelquefois, les moines Antonins effectuaient des amputations. Le démembré (ou l'amputé) était alors équipé de béquilles (certains pensent que le fameux TAU , emblème des Antonins, serait la représentation stylisée de celles-ci).

Le Couvent de Saint Antoine

 

Les Sorcières de Salem

Au XVIIe siècle, l'église catholique prétendait que la sorcellerie était le pire de tous les pêchés. Elle était le fruit d'un pacte avec le diable. Les pasteurs protestants, pour leur part, rendaient Satan responsable de tout phénomène surnaturel. On croyait donc, à cet époque, que les symptômes comme les crises de nerfs, les convulsions et le délire, auxquels on ne trouvait aucune explication médicale, étaient l'oeuvre de sorcières agissant au nom du prince des ténèbres. En 1692, une véritable chasse aux sorcières a commencé dans un village de la Nouvelle-Angleterre appelé Salem.

Des jeunes filles sont prises de convulsions, d'autres les imitent, accusent des gens. Un procès enverra 20 personnes à la potence, 150 seront emprisonnés.

 

Pourquoi St Antoine ?

Il eut à souffrir, semble-t-il, toute sa vie de douleurs semblables à celles du Feu Sacré : sensations de brûlures, privations de sommeil, hallucinations... Or, il sortait toujours vainqueur de ces épreuves envoyées par le Démon . D'où l'invocation de son nom pour obtenir la guérison.

Pourquoi ces crises, convulsions et hallucinations ?

Ce n'est qu'au XVIII° et XIX° siècle que l'on en trouva la cause : il s'agissait d'un empoisonnement provoqué par la consommation de pain de seigle fabriqué avec des céréales ergotées. L'ergot de seigle, est une sorte de champignon minuscule (quelques millimètres de long) qui contient un poison violent : l'ergotine. Les conséquences dans l'organisme, sont : la fermeture de certaines veines et artères, ce qui provoque des gangrènes irrémédiables. Il se développe particulièrement les années humides. En 1692, à Salem, cela a été le cas.

 

Après tout ceci j'ai bien vérifié que mon casse-croûte n'était pas en pain de seigle !

 

Jour 16 : Samedi 23 Avril - Castrojeriz / Fromista

25 kms - Beau temps puis couvert et petite pluie - Vent froid

A la Taverna, des tartines à l'huile d'olive grillées comme petit déjeuner. Dans le café au lait traditionnel de la région cela fait bizarre, mais c'est bon.

Etape un peu plus longue aujourd'hui, j'approche de la moitié du Chemin, partie espagnole. Est-ce l'habitude, mais mon sac me paraît de plus en plus léger. A vrai dire je n'ai plus l'impression de le porter, il fait corps avec moi et lorsque je me promène sans lui je me sens "incomplet".

Côté pèlerins, comme c'est le week-end, on voit apparaître des personnes faisant " un bout du chemin", mais je me sens loin d'elles. Pas les mêmes motivations, pas le même comportement. Certaines se déguisent en pèlerins, mais cela sonne faux avec des vêtements avec de beaux plis, ou comme ces quatre françaises du sud avec tenue saharienne, tout petit sac, en 4X4, Rabanne et sacs Vuitton. Difficile à supporter, mais comme il faut de tout pour faire le monde, il n'y a qu'à regarder en anthropologue.

Pont roman

Puente de Itero

Canal de Castille 18 em siècle

Fromista et l'église San Martin, style roman

 

Citadin que je suis, je regarde avec étonnement ces villages déserts que je traverse et j'imagine que les gens doivent s'ennuyer à mourir. Pas étonnant que les bars soient un lieu enfumé de rassemblement pour les hommes. Pas étonnant que les quelques jeunes crèvent le silence par des pétarades provocatrices.

Les églises sont fermées et à Fromista il faut payer pour la visiter ! Les pèlerins errent désespéremment sous la pluie dans les grandes rues vides aux boutiques fermées, ainsi que l'office du Tourisme.

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